Start
9 avril 2011
End
9 avril 2011
L’allégorie historique au cinéma ne se réduit pas à sa simple définition nominale. Les idées de Walter Benjamin sur la modernité ont produit une réévaluation de l’allégorie, non seulement en tant que trope, figure rhétorique, mais aussi comme mode d’expression associé à l’idée de crise de la culture. Paul de Man a établi une liaison essentielle entre l’allégorie et les vicissitudes de l’expérience humaine plongée dans la temporalité et dans le processus interminable de production, déplacement et dissolution de sens.
Dans ce contexte socio-historique marqué par l’idée d’instabilité, conflits d’interprétations, l’attention favorable à l’allégorie vient aussi du fait qu’elle a été toujours conçue comme le processus de signification le plus identifié avec la présence de médiations, une chose construite, manufacturée, qui écarte l’idée d’une liaison naturelle entre langage et sens.
L’analyse des aspects structuraux de l’allégorie en tant que modalité discursive demande des formes variées de médiation qui ont un rôle décisif dans la production de sens – coordonnées historiques, paradigmes narratifs, genres dramatiques, traditions iconographiques, connections intertextuelles. L’idée moderne de nation en tant que principe d’identité créée par des formes narratives particulières reste une des plus significatives médiations de nature culturelle-politique-historique présente dans les discours allégoriques au cinéma, soit comme entité positive (dans le cinéma classique), soit comme concept en crise (dans le cinéma moderne).
Les allégories les plus intéressantes, au lieu d’une dominante pédagogique avec ses simplifications, nous proposent une expérience plus complexe produite par une tension structurale présente dans leurs compositions. Elles développent une dialectique de fragmentation-totalisation qui peut, finalement, pencher vers une téléologie narrative qui assure le temps comme mouvement progressif vers un destin de salut, ou pencher vers une vision mélancolique de l’histoire comme catastrophe (ici le temps est pouvoir de corrosion, destruction, conformément à la réflexion de Benjamin sur l’allégorie baroque).
La journée d’étude sera structurée autour d’une table ronde avec de jeunes chercheurs et d’une série de dialogues entre Ismail Xavier et des personnalités invitées. Les présentations et discussions auront pour point de départ des textes écrits par Ismail Xavier mais également des textes écrits par d’autres chercheurs.