Maureen Lepers est Docteure en Études cinématographiques et audiovisuelles, chercheuse associée à l’Ircav et chargée d’enseignements à l’Université Sorbonne Nouvelle, où elle fait cours sur la télé-réalité et sur les représentations de la blanchité. Elle anime également des formations et des ateliers d’analyse filmique à destination des publics du secondaire (enseignant.es et élèves).
Soutenue en juillet 2020 et dirigée par Raphaëlle Moine, sa thèse s’intitule Catastrophe en eaux troubles : enjeux esthétiques, socio-politiques et culturels des représentations de l’ouragan Katrina dans les fictions cinématographiques et télévisuelles étatsuniennes (2005-2020). Quand il frappe La Nouvelle-Orléans la nuit du 28 août 2005, l’ouragan Katrina cause l’inondation de 80% de la ville et plonge les États-Unis dans une grave crise politique qui fait remonter à la surface le souvenir douloureux des violences coloniales et esclavagistes. Comment, dès lors, mettre en scène une telle catastrophe dans les films et les séries de fiction ? En croisant les méthodologies des cultural studies, des southern studies et des post-colonial studies, cette thèse analyse un corpus d’une quinzaine de productions cinématographiques et télévisuelles étatsuniennes dans lesquelles Katrina occupe une place importante. Elle distingue trois attitudes face à̀ la catastrophe. La première consiste à̀ tenter de représenter la tempête stricto sensu à travers la formule générique attendue du film catastrophe. Mobilisé depuis les années 1970 pour représenter des cataclysmes de grande envergure, le genre échoue cependant à convertir Katrina en spectacle hollywoodien. Les films optent plutôt pour des stratégies de mise en scène obliques, qui privilégient les images de « l’avant » ou de « l’après » catastrophe. Cette résistance aux images directes ouvre, dans un deuxième temps, la piste de l’euphémisation. Dans les films et les séries qui prennent en charge la tempête, sa portée socio-politique est bien souvent minorée par le recours à des genres clefs comme le mélodrame, la fiction policière ou encore la fiction gothique, qui enclosent les différents niveaux du traumatisme – intime, fédéral, racial – pour mieux les désamorcer. Cette stratégie de containment traumatique débouche, enfin, sur une réflexion sur la mémorialisation de la catastrophe. Entre tentation amnésique et résistance à l’oubli, les films et les séries de fiction qui traitent de Katrina hésitent perpétuellement entre des modelés de représentation de La Nouvelle-Orléans hérités du cinéma classique et expurgés des traces de l’ouragan, et des représentations plus critiques, qui se servent de la tempête comme d’une porte ouverte sur le temps long de l’histoire post-coloniale étatsunienne.
Domaines de recherche
- Imaginaires des catastrophes, disaster studies, visual studies
- Approches culturelles : gender studies, critical race studies, post-colonial studies
- Histoire et théories des genres cinématographiques
- Histoire et esthétique du cinéma hollywoodien et des séries télévisées
- Sociohistoire de la télévision française
- Approches esthétiques et culturelles du clip vidéo
Publications (sélection)
. Publications dans des revues scientifiques internationales avec comité de lecture
« La magie (blanche) des vampires de La Nouvelle‑Orléans : reconfigurations de l’autorité blanche dans un teen-soap fantastique contemporain (The Originals, Julie Plec, CW, 2013) », Miranda, n°24, février 2022, en ligne : https://journals.openedition.org/miranda/43922
« The Good Lord Bird (Showtime, 2020) : actualiser le white savior », Transatlantica, 2/2020, mars 2021, en ligne : https://journals.openedition.org/transatlantica/16134
« Les représentations du bateau négrier dans le cinéma et les séries télévisées nord‑américains », Esclavages & Post-esclavages, n°2, mai 2020, en ligne : http://journals.openedition.org/slaveries/1817
. Publications dans des revues scientifiques nationales avec comité de lecture
« Entre crise politique et crise de la représentation, l’ouragan Katrina au cinéma et à la télévision aux États-Unis » in Dominique Bougerol, Evgenia Gianouri, Thomas Pillard, Théorème, n°34, 2022, pp. 91-100.
« Poétique et politique des corps noirs et blancs dans deux génériques de Patrick Clair (True Detective, Nic Pizzolatto, HBO, 2012 et Luke Cage, Cheo Hodari Coker, Netflix, 2016) » in Réjane Hamus-Vallée et Alexandre Vuillaume-Tylski, « L’art des génériques [Télévision], CIRCAV, n°28, pp. 143-163
. Co-direction d’un numéro de revue scientifique
Maureen Lepers et Célia Sauvage (dir.) « Clips et genres », Genre en séries : cinéma, télévision, médias, n°16, en cours d’élaboration
. Traduction de texte scientifique
Thomas DiPiero et Maureen Lepers, « Les hommes blancs ne le sont pas vraiment », Miranda, n°24, février 2022, en ligne : https://journals.openedition.org/miranda/44142
Communications (sélection)
. Colloques internationaux, nationaux ou journées d’études
« Silhouettages dans l’octogone : construire les corps du rap dans les clips de Booba », Journée d’études « Voir le rap : cultures visuelles des musiques hip hop », Université Paris 8, CEMTI, 16 décembre 2022
« Katrina, crise médiatique, crise politique : quelles stratégies de représentation au cinéma et à la télévision ? », Colloque international de l’Ircav « Crise, quelle crise ? Cinéma, audiovisuel, nouveaux médias », Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 22-23 novembre 2018
. Séminaire de recherche
« ‘Niggers, they mean business’ : la blaxploitation chez Tarantino, vers la réappropriation culturelle ? », Séminaire de recherche « Cinémas de genre : formes, usages, étiquetages », Ircav/Labex ICCA, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 13 avril 2017
. Médiation et vulgarisation scientifique
Invitée du podcast Camille animé par Camille Regache (Binge Audio), ep. 10 – « Les anges hétéros de la téléréalité », avril 2020, en ligne : https://www.binge.audio/podcast/camille/les-anges-heteros-de-la-tele-realite/
Organisation et animation de la conférence/débat « Décoder les clips : enjeux de genre, classe, ethnicité dans les clips de rap et de pop des années 1990 à nos jours », 4ème édition de la Semaine des Arts et Médias, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 14 mars 2019
Co-fondation de l’association Balance ton clip (2018-2020) : https://www.instagram.com/balance_tc/