Dans leurs propres mots : regards croisés sur Dziga Vertov et Agnès Varda

Séance du séminaire CREAViS organisée le 11 mars 2024 à l'INHA

Speakers

Bourquin Pierre-Antoine
Doctorant contractuel

Start

11 mars 2024

End

11 mars 2024

Cette séance du séminaire CREAViS s’articule autour de deux présentations qui examinent le travail de Dziga Vertov et d’Agnès Varda à l’aide de documents d’archives provenant de l’État Russe de Littérature et d’Art d’une part, et celles de la société de production Ciné-Tamaris, de l’autre. Dans les deux cas, les manuscrits des réalisateurs, leurs propres paroles et témoignages, permettent d’éclairer et de dresser un portrait plus personnel et pertinent des choix formels liés à leur pratique, compte tenu des cadres politiques, sociaux-économiques et institutionnels auxquels ils ont été confrontés.

 

  • Luis Felipe Labaki : « Les cahiers de travail et journaux intimes de Dziga Vertov »

La section « Cahiers et carnets de notes » du fonds Dziga Vertov dans l’Archive de l’État Russe de Littérature et d’Art (RGALI – Rossiiskii Gosudarstvenni Arkhiv Literatury i Iskousstva) se compose de 27 groupes de manuscrits produits par le réalisateur soviétique entre 1925 et 1953 : des « unités de conservation » contenant des cahiers de différents formats et types, des blocs- notes, des agendas et plusieurs feuilles volantes, dont une partie considérable reste encore inédite.

Les notes, ébauches, scénarios, diagrammes et dessins produits par Vertov, ainsi que ses journaux intimes et de tournage, apportent plusieurs contributions à l’étude de son processus créatif, nous permettant d’analyser les transformations subies par ses films pendant leur réalisation et les liens existants entre ses différents projets, tels que La Sixième Partie du monde (1926), La Onzième Année (1928) et L’Homme à la caméra (1928). À partir des années 1930, la pratique diaristique de Vertov s’intensifie à mesure que son espace dans la presse diminue et que ses difficultés en tant que réalisateur augmentent. Instrument d’auto-analyse et de réflexion sur son métier, le journal devient aussi de plus en plus un « inventaire » (parfois en prose, parfois en verse) des injustices et même des crimes dont le cinéaste considérait avoir été victime, notamment de la part des bureaucrates de niveau intermédiaire des différents studios pour lesquels il a travaillé, offrant ainsi un portrait très particulier et personnel des transformations politiques, esthétiques et institutionnelles de la production cinématographique documentaire en URSS.

À travers des exemples concrets, cette communication abordera quelques caractéristiques générales de cet ensemble de documents, ainsi que les particularités du travail de transcription des manuscrits de Vertov et de leur traduction en portugais.

Spécialiste du cinéma soviétique, réalisateur et traducteur du russe, Luis Felipe Labaki est l’organisateur, le traducteur et l’auteur des commentaires de « Cine-Olho : Manifestos, projetos e outros escritos » (Editora 34, 2022, 704 pages), premier recueil des écrits de Vertov publié au Brésil – un volume de 90 documents traduits du russe, comprenant aussi quelques matériaux inédits identifiés par lui lors de ses recherches au RGALI. Il a aussi traduit les écrits de réalisateurs tels qu’Esfir Chub et Artavazd Pelechian, ainsi que des auteurs comme Daniil Kharms et Aleksandr Vvedenski. Il a été l’un des programmateurs de la rétrospective du cinéma soviétique documentaire « 100 : De volta à URSS », qui a eu lieu lors de la 22ème édition du festival « Its All True – International Documentary Film Festival ». Depuis 2018, il fait partie du comité de sélection du festival. Doctorant du Programme en Médias et Processus Audiovisuels de l’École de Communication et d’Art de l’Université de São Paulo (PPGMPA- ECA-USP), il est actuellement en stage doctoral dans l’UMR THALIM (CNRS, Sorbonne Nouvelle, ENS), financé par une bourse de stage de recherche de la Fondation d’Appui à la Recherche de l’État de São Paulo (FAPESP). Sa thèse porte sur les cahiers de travail et les journaux intimes du cinéaste Dziga Vertov.

 

  • Pierre-Antoine Bourquin : « Varda par Agnès : autour du la publication du second volume de l’autobiographie de la cinéaste »

En 2023, la réédition de l’autobiographie Varda par Agnès, initialement parue en 1994, a donné lieu à la création d’un second volume, consacré à l’œuvre de la cinéaste dans les années 2000. Ce nouvel ouvrage, ébauché par Varda avant sa disparition en 2019, a été complété avec pour règle de n’utiliser que des mots écrits ou prononcés par la cinéaste. Pour mener à bien ce travail, Pierre-Antoine Bourquin a exploré les archives de la société de production Ciné-Tamaris, qu’il étudie parallèlement dans le cadre de sa thèse.

Pierre-Antoine Bourquin est doctorant à la Sorbonne Nouvelle (Ircav), où il travaille à une thèse en études cinématographiques intitulée Agnès Varda et les « vrais gens » : genèse des « Glaneurs et la Glaneuse », de « Deux Ans après » et de « Visages Villages ». En 2019, il a soutenu dans la même université son mémoire de master 2 Une esthétique du coq à l’âne ? Genèse des « Plages d’Agnès » et d’« Agnès de ci de là Varda ».