Speakers
Layerle Sébastien
MCF Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaireMaury Corinne
MCF HDR Université Toulouse-Jean Jaurès - associée à titre secondaireStart
15 novembre 2024
End
15 novembre 2024
Pour certains cinéastes tels qu’Alain Tanner, René Allio ou encore Alain Guiraudie, le mot « utopie » participe de plain-pied d’une relation à l’espace et s’énonce à partir d’un territoire, d’un paysage, d’un lieu. Arpenter et interpeller sont alors de véritables gestus d’explorations territoriales et de consciences critiques. Dans leurs films La Salamandre (1971), Les Camisards (1972) ou Du soleil pour les gueux (2001), pour ne citer qu’eux, l’utopie ne relève pas d’une rêverie isolée, mais se montre tel un combat simultanément pacifiste et frondeur, qui invite à une critique vive des rapports d’exploitation et de domination. L’imaginaire de la fiction cinématographique y active le réel politique scellé dans le corps même du territoire et de son histoire. Les personnages aux élans indignés engagent à penser les conditions matérielles de l’existence et interrogent l’utopie comme une « visée de l’altérité sociale » (Miguel Abensour). D’autres cinéastes, à l’instar de Ben Rivers, Pierre Creton et Dominique Marchais, font cheminer ensemble écologie et utopie, montrant – à partir d’expériences de vies autonomes et parfois marginales – d’autres manières d’habiter la terre et de penser les relations entre cette terre et ses habitant·es. Ces formes d’écotopies – loin des modèles sociaux asymétriques et hiérarchiques où l’utopie est souvent pensée comme une réalisation chimérique autant que systématique – expérimentent des engagements poétiques et politiques où il devient possible d’écrire d’autres histoires avec les territoires, les paysages et leurs habitant·es (humain·es et non humain·es).
Le groupe de recherche Utopies Cinématographiques (Corinne Maury, Sébastien Layerle, Sylvain Dreyer, David Faroult, Clément Schneider), créé en été 2023, déploie ses activités dans un séminaire distribué en journées d’études semestrielles suivant quatre axes : 1°) Utopies de l’art du cinéma ; 2°) Des Territoires utopiques aux Paysages écotopiques ; 3°) Mettre en images les pensées et les pratiques utopiques ; 4°) Le collectif militant hier et aujourd’hui.
>> Voir le programme de la journée d’étude
Organisation : Sylvain Dreyer (Université de Pau et des Pays de l’Adour, Alter), David Faroult (ENS Louis Lumière), Sébastien Layerle (Université Sorbonne Nouvelle, Ircav), Corinne Maury (Université Toulouse-Jean Jaurès, UT2J et Ircav), Clément Schneider (PSL-La Fémis), en collaboration avec La Fémis.