Speakers
Mingant Nolwenn
PR Université d'Angers - associée à titre secondaireGhariani Ghofrane
MCF IUT DE SCEAUX - associée à titre secondaireStart
8 mai 2014
End
9 mai 2014
Examiner le cinéma au prisme d’une catégorie régionale revient toujours à délimiter plus ou moins arbitrairement un espace présupposant un ensemble de caractéristiques communes issues d’une histoire qui n’est pas nécessairement liée au cinéma. Celle-ci peut tout aussi bien relever de la politique, de l’économie ou de la culture tout en lissant les différences internes entre les pays au sein de ce bloc. Même si les contours en sont aujourd’hui plus flous, l’histoire de la région MENA (Middle Eastern et North Africa / Moyen Orient et Afrique du Nord) en fait une zone géographique où s’entremêlent enjeux économiques, religieux, politiques et géopolitiques.
Ces dernières années, les lieux, les formes et les termes du rapport au cinéma de et dans cette région se sont considérablement transformés. La montée en puissance de festivals internationaux comme celui d’Abu Dhabi depuis 2007, celui de Doha depuis 2009, ont reconfiguré les circuits dans desquels les films produits par la région sont valorisés. En dix ans, le Maroc est devenu un gros producteur de films. Diverses initiatives à l’échelle nationale et transnationale ont vu le jour. La création du Doha film Institute (Doha Film Fund) au Qatar, les appels à projet Euromed Audiovisuel I, II et III, le programme Euromed Cinémas sont autant de programmes institutionnels dont l’ambition est clairement de permettre ou de dynamiser la production d’images de soi, de promouvoir la circulation des films dans la région et au-delà, et d’accroître leur visibilité en initiant des rencontres avec des publics.
À ce jour, les cinémas de la région MENA ont suscité des travaux universitaires principalement dans le monde anglophone (Leaman 2001, Colin-Donmez 2007, Gugler 2011), choisissant parfois le prisme régional (Malkmus and Armes 1993, Shafik 1998, 2007, Hillauer 2006, Khalil 2007, Martin 2011) mais surtout le prisme national (Sabry 1995, Austin 2012, Dwyer 2004, Carter 2009, Orlando 2011, Austin 2012, Lang 2014). Dans le monde universitaire francophone, la dimension MENA n’a pas jusqu’à récemment suscité un grand intérêt, mais quelques ouvrages sur ces cinématographies existent, qu’ils élisent un prisme régional (Berrah et al. 1981, Khayati 1996, Serceau 2004, Khalil 2007, Brahimi 2009, Caillé et Martin 2012) ou national (Devictor 2004). Dans les pays de la région, c’est le prisme du national qui domine les travaux (Jaidi 1999, 2001, Khélil 2002 & 2006, Chamkhi 2002 & 2009,Yazbek 2012, etc.), entre autres. Ces recherches se sont développées le plus souvent autour de l’analyse thématico-formelles des films, du parcours de leurs réalisateurs et du lien entre cinéma et politique.
Cette journée d’étude veut privilégier une perspective socio-économique et les enjeux à la fois, culturels, politiques et géopolitiques qui y sont liés. Aborder la circulation des films au Moyen Orient et en Afrique du Nord nécessite d’identifier, à partir des politiques publiques, des fonctionnements institutionnels, des stratégies industrielles et commerciales, l’ensemble des acteurs de la filière cinéma alors que le développement du numérique entraîne une reconfiguration des industries de la communication et de la culture. L’objectif de cette première journée d’étude est de mobiliser plusieurs approches disciplinaires sur la question de la circulation des films, mais également de proposer un regard croisé entre professionnels et chercheurs autour de plusieurs pistes. Le terme de circulation peut se comprendre de plusieurs façons : circulation des films à l’intérieur d’un marché national, la circulation des films dans la région MENA ainsi qu’à l’international, mais également circulation d’un format à un autre.
Organisation : Abdelfettah Benchenna LABSIC, Patricia Caillé, Nolwenn Mingant , Ghofrane Ghariani