Speakers
Siety Emmanuel
PR Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaire - directeur de l'IrcavGrunberg Tristan
Docteur - associé à titre principalD’Azevedo Amandine
MCF Université Paul Valéry Montpellier 3 - associée à titre secondairePruvost-Delaspre Marie
MCF Université Paris 8 - associé à titre secondaireStart
5 juin 2014
End
6 juin 2014
La peau est un objet paradoxal du cinéma : elle est à la fois ce qu’on ne peut éviter de filmer dès qu’on prend l’humain pour sujet (il faut faire avec) et ce qui tend à disparaître sous l’attention accordée aux différentes parties du corps dont elle forme l’enveloppe. Dans ces conditions, comment la peau fait-elle réellement surface au cinéma ? Quand et comment devient-elle objet de trouble ? À la faveur de quelles situations, de quelles stratégies de voilement et de dévoilement, de quels choix de maquillage, de cadrage, d’éclairage ou de montage ? Qu’apporte-t-elle au film en gagnant en visibilité ? Même lorsqu’elle n’occupe pas spectaculairement le devant de la scène, la peau reste un paramètre de création essentiel. Les pratiques de l’étalonnage, où le rendu de la chair prime généralement sur le rendu des autres éléments du décor ou des costumes, ne peuvent que renforcer le sentiment que l’incarnation, au sens très littéral où des êtres de chair transmués en images évoluent devant nous, est une caractéristique fondamentale de l’art cinématographique.
Pour autant, filmer la peau, est-ce nécessairement filmer la chair ? Comment le cinéma se saisit-il des potentialités plastiques et tactiles de la peau ? Cela a-t-il du sens de s’intéresser à un acteur ou une actrice à travers son épiderme, à l’intérieur d’un même film ou en traversant sa filmographie ? Quelle est l’incidence des innovations technologiques (passage à la pellicule panchromatique, à la couleur, au numérique) sur la figuration de la surface du corps ? Dans un chapitre de White (1997), Richard Dyer démontre que l’ensemble des techniques de prise de vues, depuis le matériel d’éclairage jusqu’à la pellicule, a été pensé pour et en fonction de la peau d’un visage blanc occidental, un visage dont le taux moyen de réflexion de la lumière est de 18 %, celui par exemple du gris neutre. Qu’en est-il aujourd’hui, à l’heure où les pratiques de l’étalonnage numérique permettent d’envisager un étalonnage par zones et donc de se libérer de la peau comme unique étalon ?
La peau, l’épiderme ont rarement été abordés comme tels dans la littérature sur le cinéma. Avec ce colloque, nous souhaitons croiser les approches esthétique, historique et technique. Les communications pourront aussi bien proposer des réflexions esthétiques transversales ou analyser des corpus restreints que s’attacher aux pratiques et aux inventions des collaborateurs de création directement concernés par le rendu de la peau, tels que les chefs opérateurs, les maquilleurs et les étalonneurs.
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