Speakers
Soulez Guillaume
PR Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaireBlanc Anthony
DoctorantSagot-Duvauroux Rémi
DoctorantStart
4 septembre 2024
End
6 septembre 2024
Dans l’histoire et dans la théorie du cinéma et des arts visuels, l’inconscient a souvent été envisagé du point de vue du refoulé, mariant l’esthétique, le politique et le psychanalytique (Benjamin, Krauss, Jameson, Conley). Des générations d’artistes et de vidéastes se sont ingéniés à mettre en lumière les dimensions cachées des images et des styles, comme, de manière exemplaire, celles des périodes classiques du cinéma. Plus largement, l’étude des traces de forces inconscientes, visuellement perceptibles, fait émerger le principe d’un inconscient graphique qui pourrait se décliner à l’aune du numérique.
Comment aborder la question de l’inconscient à l’ère du tout numérique ? Du calcul au code et à la postproduction, le numérique promet d’éradiquer l’erreur, l’imprévu, le hasard. Mais éradique-t-il aussi la part d’inconscient des images ? Ou rend-t-il au contraire plus visible cette part du non-conscient, de l’incalculé, du réprimé, dans notre culture visuelle ?
Par inconscient numérique, nous désignons d’une part l’imaginaire numérique qui ressurgit dans de nombreux fims contemporains. Tout un pan du cinéma aujourd’hui (les films de Mariano Llinas, Apichatpong Weerasethakul, Leos Carax) invente une image (psychique, mémorielle) de la réalité qui puise dans une histoire visuelle de la numérisation et de la géométrie. Parallèlement, nous envisageons à l’encontre de tout déterminisme technologique, qu’il existe une histoire du numérique indépendante de la façon dont les images sont faites et dont on peut tracer une archéologie. De nombreux documents d’archives réalisés pour des films tournés en prise de vues réelles, des films qui enregistrent une empreinte de la réalité, témoignent ainsi d’un « calcul » à l’origine de l’image.