Art contemporain et identité autochtone. Une contre-écriture de la mondialisation

Colloque international organisé les 29 et 30 mai 2013 à l'Institut national d'histoire de l'art

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29 mai 2013

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30 mai 2013

Ce colloque, organisé par la Chaire d’études du Québec contemporain de l’Université Sorbonne Nouvelle en partenariat avec le programme « Arts et mondialisation » de l’INHA, interrogera la construction de l’identité culturelle dans les propositions récentes de l’art contemporain autochtone en Amérique du Nord et dans le monde.

Le 17 mai 2013, sera inaugurée à Ottawa, au Musée national des beaux-arts du Canada, l’exposition, Sakahàn : International Indigenous Art*. Contrairement aux modèles des grandes manifestations dédiées à l’art contemporain, Sakahàn, expose un art contemporain dit « autochtone ». Un art en prise avec une généalogie, une singularité culturelle et territoriale, et qui a su relever et jouer de cette distinction, tout en s’internationalisant. Cet art témoigne aujourd’hui d’une pratique de la modernité en prise elle-même avec une dynamique de mondialisation. C’est à la fois l’actualité de cette manifestation d’une envergure inédite (seront présents plus de 75 artistes), et la nécessité d’interroger dans le cadre de cet événement artistique les notions d’ « autochtonie » et d’« indigénéité », qui ont motivé la tenue de ce colloque organisé par la Chaire d’études du Québec contemporain de l’Université Sorbonne Nouvelle en partenariat avec le programme « Arts et mondialisation » de l’Institut national d’histoire de l’art.


Les différents intervenants du colloque proposeront une réflexion sur les modalités d’énonciation de l’identité autochtone dans le contexte postcolonial du début du XXIe siècle. Qu’est-ce que l’autochtonie ? De quel processus historique relève ce terme ? Peut-il encore, doit-il encore s’exercer ? De quelle volonté relève la construction de l’identité culturelle autochtone en Amérique du Nord ? Et comment opère cette identité dans d’autres régions du monde ?


L’objectif de cette rencontre, à laquelle participeront plusieurs artistes, sera également de cerner les multiples réalités de l’art contemporain autochtone en comparant différents contextes culturels (Amériques, Afrique, Inde, Océanie). Nous accorderons une attention particulière à l’art autochtone contemporain d’Amérique du Nord où une nouvelle génération d’artistes inuits, métis et amérindiens ont revisité et bousculé les présupposés dans lesquels étaient maintenues leurs identités et la réception de leurs œuvres. Parmi ces artistes, que l’on regroupe parfois sous le qualificatif de Post-Indian, on retrouve Brian Jungen (Dunne-za/Suisse), Annie Pootoogook (Inuit), Nadia Myre (Algonquine), Kent Monkman (Cri/Irlandais), Dustinn Craig (Apache/Navajo), Caroline Monnet (Algonguine/Française) ou KC Adams (Oji-Crie/Écossaise). Contrairement à leurs aînés, ceux des années 1980-1990, qui utilisaient des marqueurs identitaires très prononcés pour dénoncer la permanence des injustices nées de la colonisation et condamner les stéréotypes culturels de l’ « Indien », ces artistes privilégient un brouillage généralisé des ces empreintes culturelles. Ils n’hésitent pas à faire coexister des réalités qui jusqu’alors semblaient contradictoires – l’humour pop et la déculturation, les revendications queer et les stéréotypes culturels, le statut de cyborg et de métis, la culture hip hop et l’autochtonie – entretenant ainsi un rapport très libre avec l’idée de tradition. Ce mélange des genres, qui pourrait être interprété comme un jeu formel sans conséquence, est en fait une véritable contre-écriture qui revisite l’histoire de la colonisation aussi bien dans ses dimensions politiques qu’esthétiques. Ces artistes proposent également un autre regard sur la mondialisation qui dépasse l’éternelle tension entre authenticité et uniformisation. Tout laisse à penser que c’est au moment où les singularités identitaires et les revendications politiques se brouillent que la fonction critique des œuvres devient plus efficace.

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