Cycle de films et journée d'études « Cinéma soudanais : défis et résiliences »

Cycle de films et journée d'études organisés du 27 au 30 mars 2025 à la FMSH, à la Maison de la Recherche et à la Cinémathèque universitaire de la Sorbonne Nouvelle et au cinéma Le Grand Action à Paris.

Speakers

Blanc Anthony
Doctorant
Lobodenko Kateryna
Docteure - associée à titre principal
Sannelli Danilo
Doctorant

Start

27 mars 2025

End

30 mars 2025

Cet événement est organisé dans le cadre du projet « Exil·s, guerre·s et création·s : images de résistance au service de l’histoire », mené par le groupe de recherche Arts, Médias, Exils (AME) (IRCAV/Sorbonne Nouvelle), financé par la Fondation Maison des sciences de l’homme de Paris (FMSH) et le LabEx ICCA, et parrainé par l’association Permis de vivre la ville.

 

Le cinéma soudanais, à l’instar d’autres cinémas africains, avait d’abord connu une période coloniale, puis celle, postcoloniale. Ces périodes ont été marquées par une production significative de courts et moyens métrages documentaires, ainsi que par quelques longs métrages de fiction, dont ceux d’Ibrahim Mallassy et de Gadalla Gubara. Toutefois, la situation a radicalement changé après le coup d’État militaire de 1989. Le gouvernement islamiste d’Omar Al-Bachir a alors restreint la production cinématographique et entravé la vie culturelle publique. Pendant cette période, certains artistes, comme Hussein Shariffe et Saïd Hamed, se sont exilés pour poursuivre leur carrière à l’étranger, notamment en Égypte. D’autres, tels que le Sudanese Film Group, ont œuvré presque clandestinement pour préserver le patrimoine cinématographique. En conséquence, peu de films ont été réalisés au Soudan durant cette époque.

La « Nouvelle Vague », souvent qualifiée de cinéma indépendant, a émergé officiellement après la révolution de 2019, qui a mis fin à la dictature d’Al-Bachir. Néanmoins, des films tels que Sudan’s Forgotten Films et Talking About Trees de Suhaib Gasmelbari, ainsi que Le Barrage du réalisateur libanais Ali Cherri, ont été réalisés sans autorisation, bien avant et pendant la révolution. Cette période a également vu l’émergence de nouveaux réalisateurs comme Amjad Abu Alala, Marwa Zein, Suzannah Mirghani, Alyaa Sirelkhatim, Sara Suliman, qui explorent, notamment, des thèmes jadis tabous au Soudan.

Depuis plus d’un an, une guerre opposant l’armée du pays aux Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire, a engendré une catastrophe politique et humanitaire sans précédent. Ce conflit a mis un terme à la production cinématographique et contraint de nombreux cinéastes à l’exil. Près de 10 millions de personnes, soit un cinquième de la population, ont dû fuir leur foyer, et plus de 8 millions de civils ont perdu la vie, parmi lesquels des artistes tels que le directeur de la photographie Hatim Mamon, connu pour son travail sur le film Kejer’s Prison (2019) de Mohamed Kordofani.

  • Alors que cette guerre semble oubliée par les médias, le cycle « Cinéma soudanais : défis et résiliences » vise à mettre en lumière un cinéma encore méconnu en France (notamment de tels films que Sudan’s Forgotten Films (2017) de Suhaib Gasmelbari et Katharina von Schroeder, Heroic Bodies (2022) de Sarah Suliman et Misérables (2006) de Gadalla Gubara). Il a pour objectif de révéler les spécificités historiques, thématiques et esthétiques des films sélectionnés, ainsi que les luttes personnelles et les engagements des réalisateurs, en matière de création et de pacifisme.
  • La journée d’études, qui se tiendra le 28 mars prochain, réunira des artistes et des chercheurs qui soulèveront les problèmes de la création en temps de guerre, de la résistance culturelle au Soudan et au sein de la communauté soudanaise en exil, ainsi que questionneront le rôle des archives visuelles, audiovisuelles et cinématographiques dans la préservation et la médiatisation du patrimoine cinématographique.

 

Voir le programme détaillé du cycle et de la journée d’études

 

 

Comité scientifique et d’organisation :

Anthony BLANC (AME, IRCAV/Sorbonne Nouvelle) ; Mohammed HAMMAM  (Permis de vivre la ville) ; Kateryna LOBODENKO (AME, IRCAV/Sorbonne Nouvelle/Permis de vivre la ville) ; Danilo SANNELLI (AME, IRCAV/Sorbonne Nouvelle).