INSTRUCTORS:
Moine Raphaëlle
PR Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaire - directrice de l'ED 267Creton Laurent
PR émérite Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaireKitsopanidou Kira
PR Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaireJullier Laurent
PR Université de Lorraine - membre titulaireLayerle Sébastien
MCF Université Sorbonne Nouvelle - membre titulairePillard Thomas
MCF Université Sorbonne Nouvelle - membre titulaireCategories
Programmes de rechercheCe projet de recherche porté par le MICA de Bordeaux 3 et l’IRCAV de Paris 3 a une triple visée :
– développer les recherches françaises consacrées au cinéma populaire (films, genres et stars) et aux publics populaires;
– élaborer des outils et des méthodologies pour étudier des corpus vastes (film et non-film) et des objets culturels qui relèvent de la « culture de masse » ;
– donner une nouvelle visibilité à une période méconnue et négligée (celle d’avant la Nouvelle Vague) qui correspond au sommet de fréquentation des salles de cinéma en France.
Dans le contexte des études cinématographiques dominées en France par les approches esthétiques du cinéma d’auteur, nous proposons de changer d’optique et d’objet en étudiant, dans une perspective d’histoire culturelle, le cinéma populaire tel qu’il se déploie sur les écrans français pendant la période de plus haute fréquentation (1945-1958), ainsi que les formes que prend la cinéphilie populaire à cette époque, à travers l’étude des magazines de cinéma. Ce type de travail, déjà largement entamé dans les pays anglophones dans la perspective des cultural studies et des star studies, souffre dans notre pays de la stigmatisation du cinéma populaire dont les Cahiers du cinéma des années 50 et leurs héritiers se sont fait les chantres, dans un souci, compréhensible à l’époque, de légitimation culturelle du cinéma. Aujourd’hui, il nous incombe de substituer à cette posture « militante » une rigueur scientifique nouvelle pour explorer dans toute leur diversité les films proposés sur les écrans français à l’époque où le cinéma en salle était le loisir privilégié de toutes les couches sociales, et pour rendre compte des goûts et des pratiques spectatorielles du plus grand nombre. Pour ce faire, nous proposons une approche pluridisciplinaire, associant l’économie, la sociologie et l’anthropologie culturelle, les approches sémiologiques, esthétiques et narratologiques et l’histoire culturelle, ainsi que des approches d’origine anglo-américaine, en particulier les cultural studies qui s’attachent aux usages sociaux des productions culturelles, les gender studies qui explorent les dimensions genrées des films et de leur réception, et les star studies qui étudient les stars comme des constructions socioculturelles.
Le corpus que nous nous proposons d’étudier comporte d’une part un échantillon représentatif du cinéma populaire de l’époque, établi à partir du box-office, et d’autre part les magazines de cinéma les plus lus à l’époque, qui sont de deux sortes : les hebdomadaires qui proposent des articles sur les acteurs et les films, et les « films racontés », les deux types étant richement illustrés. Nos sources comportent également des périodiques professionnels, pour l’étude de la distribution et de l’exploitation, ainsi que des archives privées susceptibles d’éclairer les formes de la cinéphilie populaire. Les magazines populaires de cinéma de l’après-guerre n’ayant fait l’objet en France d’aucun traitement scientifique, nous proposons de localiser les collections existantes et de dépouiller les titres les plus lus, pour indexer systématiquement les sujets, les films et les noms propres traités par ces magazines. Cet index sera consultable sur une base de données que nous nous proposons de construire et qui sera accessible à l’ensemble des chercheurs, mais il constitue d’abord un outil indispensable pour mener à bien notre projet de recherche. En effet, le croisement de ces données avec le box-office des films nous permettra de construire un panorama du cinéma populaire en France après-guerre, dans sa diversité générique et transnationale, à partir de quoi nous pourrons conduire des études globales et des études de cas sur les genres, les stars et les formes de cinéphilie.
Ces travaux permettront de remettre au jour un patrimoine cinématographique indûment tombé dans l’oubli, en particulier des films français, hollywoodiens, italiens et britanniques qui relèvent d’un « cinéma de qualité » destiné au plus grand nombre, et de rendre visible l’expertise du spectateur – et de la spectatrice – ordinaires.
Responsables : Raphaëlle Moine et Geneviève Sellier